Lawrence Durrell a eu une vie mêlée à l'histoire de Grecs du XX°s.
Anglo-irlandais par ses parents, nés tous deux en Inde, il y naît à son tour, à Jullundur, non loin du Thibet.
Comme Rudyard Kipling, sa venue, adolescent, en Angleterre, est sa: "mort anglaise" dit-il. Il dira, plus tard: "vous avez deux lieux de naissance. Vous avez le lieu où vous êtes réellement né, et puis, vous avez un lieu de prédilection, où vous êtes vraiment né". Pour lui ce fut la petite chapelle isolée d'Hagios Artémios, à Corfou.
En 1935, il alla avec sa mère et son frère Gérald (lire son beau livre de souvenirs d'enfance corfiote "Féeries en l'île"), et sa femme Nancy Myers, à Corfou. La vie moins chère et la lumière le réconcilient avec la vie: il y renait. Il apprend le grec. Il le parlera très bien toute sa vie.
Avec sa femme et sa fille Pénélope, fuyant l'avance italo-germano-bulgare, ils partent en 1941 pour le Caire. En 1942, il se sépare de Nancy et va à Alexandrie et devient l'attaché de presse du British information office. Il rencontre Kavaphis (Cavafy) et traduit admirablement certains de ses poèmes. Il y rencontre Eve Cohen inspiratrice de Justine du "Quatuor d'Alexandrie" (son chef-d'oeuvre). Il l'épouse en 1947 et elle lui donne en 1951 sa fille Sappho. En 1945 "libéré de sa prison égyptienne" il est "libre de retourner en Grèce".
Il va passer deux ans à Rhodes, comme directeur des relations publiques du Dodécanèse. Après un séjour en Argentine puis à Belgrade, il s'instale à Chypre et enseigne la littérature anglaise, puis est officier des relations publiques britanniques, à Lefkossia. Se sentant menacé comme anglais il part s' établir en Provence. Il épouse en 3° noces Claude Marie Vincendon en 1961, dont la mort en 1967 sera un grand désespoir. Ses 4° noces seront avec Ghislaine de Boisson. En 1985 le suicide de sa fille Sappho le plongera dans une affliction dramatique.
On a son témoignage sur les Grecs et les Chypriotes dans: "L'île de Prospero" (1945, Chypre avant la guerre); "Reflections on a Marine Venus: a companion to the landscape of Rhodes" (1953); Citrons acides (1957, Bitter lemons of Cyprus). Le Quatuor se passe dans la société cosmopolite alexandrine et il y fait figurer "le vieux poète grec", Kavaphis.
Il a correspondu toute sa vie avec Henry Miller, qui avait écrit l'admirable "Colosse de Maroussi".
Il a écrit:"La musique fut inventée pour confirmer la solitude de l'être humain" mais aussi: "Il n'y a que trois chose qui peuvent être faites avec une femme. Vous pouvez l'aimer, souffir par elle où la transcrire dans la littérature"...