ferry crete
Le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, s'est déclaré relativement satisfaite de la position commune adoptée lundi à Bruxelles par les ministres des Affaires étrangères de l'UE sur les développements au Proche-Orient, à l'issue du Conseil des ministres des Affaires générales des "25". Toutefois, Mme Bakoyannis est quelque part mise hors jeu et la coordination européenne inexistante dans l’évacuation des ressortissants européens du Liban. Le gouvernement de chaque pays négocie directement et chacun pour soi avec les compagnies maritimes grecques pour affréter des ferries en vue de l’éloignement de leurs ressortissants de la zone du conflit, la France ayant donné l’exemple en la manière en affrétant la première le ferry grec « Ierapetra ».
Mme Bakoyannis a qualifié de positif le fait que l'UE a invité aujourd'hui toutes les parties impliquées dans la crise au Proche-Orient à faire preuve de retenue, de sorte à remplir les conditions nécessaires pour une désescalade de la crise dans la région, soulignant encore que si la Grèce aurait désiré des "déclarations plus nettes", elle retient toute l'importance de conserver la cohésion politique de l'UE. Tant la Grèce que de nombreux autres pays auraient voulu un message politique plus clair allant dans la voie d'un cessez-le-feu, a affirmé Mme Bakoyannis.
S'agissant de l'évacuation des citoyens européens du Proche-Orient, Mme Bakoyannis a indiqué que pour l'instant aucun des pays membres de l'UE n'a officiellement demandé à ses ressortissants de quitter le Liban, parallèlement toutefois, elle a signalé que de nombreux pays membres - dont la Grèce - ont pris des initiatives de sorte à faciliter tous ceux qui désirent quitter immédiatement la région.
Mme Bakoyannis a encore indiqué qu'une frégate et deux navires de transport de la Marine nationale sont prêts au départ, alors que trois navires de la marine marchande sont également prêts à appareiller, si cela s'avère nécessaire.
En ce qui concerne les autres questions débattues au Conseil des ministres, Mme Bakoyannis a cité l'avenir du Kosovo et sa propre rencontre avec l'envoyé spécial de l'ONU pour le Kosovo, Martti Ahtisaari, tout en rappelant que la Grèce encourage tout effort pouvant conduire à un rapprochement de toutes les parties concernées au Kosovo, "ce qui faciliteraient les concertations sur le statut final du Kosovo".
Enfin, au chapitre de l'Iran, Mme Bakoyannis a indiqué que pour l'instant le pays ne se montre pas disposé à exploiter "les propositions généreuses européennes" et que la parole appartient désormais à l'ONU, tout en ajoutant toutefois que la porte reste ouverte pour la recherche de règlements pacifiques et que Téhéran devra agir en conséquence.
Les places des ferries aux enchères ?
Une frégate de la Marine nationale a reçu ordre mardi matin d’embarquer pour le Liban en vue du rapatriement des ressortissants grecs.
Le ferry « Ierapetra » affrété par la France est rentré à 7h15 mardi matin au port de Larnaca, Chypre, avec à son bord 800 Français, quelques 400 autres ressortissants européens et une cinquantaine d’Américains fuyant le Liban. A noter une certaine pagaille à l’embarquement caractéristique du climat du chacun pour soi, tant au niveau des passagers qu’au niveau des… gouvernements. Ainsi, quelques 80 Grecs, dont les places avaient été négociées initialement par les diplomates grecs à Beyruth, qui devaient initialement embarquer sur l’« Ierapetra » ont dû céder leur place aux ressortissants Américains suite à des interventions des diplomates américains auprès des Français qui avaient affrété le bateau. Les Grecs ont dû alors attendre l’arrivée des moyens des transports négociés par le gouvernement grec. Toutefois, 120 Français n’ont pu embarquer non plus, l’« Ierapetra » ayant appareillé précipitamment devant le désordre ambiant, l’armée israélienne ne garantissant plus la sécurité du port.
D’autres opérations sont attendues dans les heures qui suivent, le nombre des demandes de rapatriement reçus par l’Ambassade de France à Beyrouth s’élèverait à 8000.
A Larnaca également est arrivé un bâtiment de la Marine nationale italienne avec à son bord 400 passagers.
Selon des informations de la presse grecque, d’autres gouvernements étrangers seraient en négociation avec les compagnies maritimes grecques pour affréter leurs ferries en vue de l’évacuation de leurs ressortissants. Ainsi le ferry « Kriti II » a embarqué de Irakleio pour le Liban, affrété par le gouvernement suédois.
Des affrètements désordonnés qui, en pleine saison touristique, ne sont pas sans conséquence sur le trafic intérieur grec. Ainsi « Ierapetra » a dû être remplacé par « V. Kornaros » qui est arrivé au Pirée avec trois heures de retard, tandis que les passagers initiaux de « Kriti II » seront pris en charge par « Cnossos Palace » leurs véhicules faisant le trajet séparément sur le « Kriti I ». A cela s’ajoute une vague de pannes sur les bateaux grecs qui depuis quelques semaines occasionne des retards, des substitutions de navires, voire des annulations de trajets.
Les Etats-Unis demandent le concours de la Grèce pour l'évacuation de ressortissants américains
Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Theodoros Kassimis, a eu un entretien lundi en fin de matinée au ministère avec l'ambassadeur des Etats-Unis en Grèce, Charles Ries, ce dernier demandant à ce que le gouvernement grec garantisse la flotte nécessaire pour le transport des citoyens américains qui souhaitent quitter le Liban.
Les deux interlocuteurs ont également procédé à une évaluation de la situation actuelle au Proche-Orient.
M. Kassimis a souligné que le gouvernement grec déploie d'énormes efforts pour aider non seulement les ressortissants grecs, mais aussi les étrangers, et envisage toutes les possibilités pour assurer les transports maritimes demandés malgré les besoins accrus sur les lignes intérieures pour cause de saison touristique.
i-GR/ANA-MPA