Une grecque s'est fait cloner par Raël. Contrairement à la croyance qui est en train de se répandre les véritables clones n'existent pas, puisqu'il faut encore que quelqu'un mette son doigt pour que le bébé clone naisse. Dans le cas de Marina Cocolios, ce fut Raël, allias Claude Vorilhon, un français transmuté en canadien et actuel gourou des descendants des soucoupes qui a permis le fait par l'interposition de son clone Clonaid. Il est amusant de remarquer que ces fameuses soucoupes, désignent dans le chébran grec, revu par l'anglais UFO, les fous ! prononcez, ούφο!
Les clones seront grecs ou ne le seront pas. Peu importe si les Américains ont marqué un point en annonçant la naissance d'Eve, premier clone supposé de sa maman le 26 décembre dernier.
Enfin, ils ne seront qu'à moitié Grecs puisque Mme Cocolios est le résultat d'un brassage greco-français. Et, face aux Américains, nous avons aussi notre greco-américain Panayotis Zavos, un des trois docteurs fol amour, aux côtés de l'italien Severino Antinori et de l'israélien Avi Ben Abraham prêts à initier le clonage humain.
Mais d'abord dissipons les fausses ressemblances. Rien à avoir avec Kokolios, le personnage de la Mandoline du Capitain Corelli interprété par Michael Yannatos aux côtés de Nicolas Cage et de Penelope Cruz, dans la version cinéma du roman de Bernières de Louis ; ni avec Marina Corelli qui jouait, elle, le rôle de prostituée dans le même film.
Face en tout cas à l'anonyme bébé américain, le clone grec bénéficie d'une toute autre descendance, puisque sa génitrice Marina Cocolios, 24 ans, créateur aspirant puisque étudiante aux Beaux-Arts au Canada, n'est autre que la fille du Chef exécutif de Clonaid, Brigitte Boisselier, issue d'une première rencontre du troisième type (communément appelé un mariage) entre Mme Boisselier et un Grec Panagiotis ; Panagiotis a déclaré à Ant1, une des premières chaînes de télévision en Grèce, qu'il prenait ses distances avec son ex-épouse, et qu'il s'occupait actuellement de son autre fille Iphigénie. "Je pense positivement, moi", il a dit.
Clonaid est, quant à lui, le clone commercial du mouvement raëlien. L'auto-baptisé Raël, clone virtuel de Claude Vorilhon, chef des raëliens (vous me suivez toujours ?), déclarait récemment que 2000 personnes se sont déclarés prêts à payer 200.000 dollars pour se faire cloner par son clone (c'est à dire Clonaid), soit un chiffre d'affaires attendu de 400 millions de dollars.
"Je suis très sûre de ce que je fais", disait Marina Cocolios il y a tout juste deux ans dans une interview à New York Post le 2 janvier 2003. "Ces gens [les raëliens dans l'attente du premier bébé clone] désirent tellement ce bébé ; ils veulent que son ADN ait la chance de s'exprimer pleinement, et je veux leur donner cette chance". Voilà que c'est maintenant chose faite.
On ignore si Marina Cocolios s'est acquitté de la somme ou si elle a bénéficié d'un tarif de famille ; on l'espère pour elle parce qu'à ce prix elle pouvait certainement trouver meilleurs gènes que les siens propres. A défaut de gènes, un milligramme de sperme ferait aussi bien l'affaire. Mais déjà que, quand on aime, on ne compte pas; quand on s'aime (soi-même), pensez-vous que plus rien n'a de prix, et surtout pas la vie. Et c'est bien justement ce qui est à craindre. A ce prix-là, ces contes post-modernes ne sont peut-être pas inutiles.
Si la perspective de vous voir envahir par les clones vous donne froid au dos, rassurez-vous les raëliens ont prévu la réponse: "la mise en pratique des techniques de clonage à l'homme ne sauraient être mise en œuvre sans restrictions. On imagine très bien les déséquilibres démographiques qu'une telle pratique généralisée entraînerait. Le clonage ne peut être que le privilège réservé à une minorité, à une élite dont les critères de définitions restent entièrement à préciser. […] Sans doute, seuls les plus grands génies, les plus grands bienfaiteurs de l'humanité, les plus grands artistes, les consciences les plus élevées seront concernées par le clonage", écrit un de leurs "prêtres". Bon d'accord, pas vraiment de quoi se rassurer.