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Des Palestiniens en échange d'une considération européenne

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Από iNFO-GRECE,

Le ministère espagnol des Affaires étrangères Josep Piqué, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union Européenne, a annoncé hier soir qu'un accord est intervenu pour la répartition des treize Palestiniens expulsés d'Israël. La Grèce accueillerait deux Palestiniens, un autre resterait à Chypre où les treize séjournent depuis une semaine en attendant leur destination définitive.

On se souvient de la méthode cynique avec laquelle les Etats-Unis avaient obtenu l'extradition du dictateur yougoslave Milosevic afin qu'il soit jugé par le Tribunal de la Haye. Une promesse de plusieurs millions de dollars. Cette fois, sur fond d'humanitarisme, c'est au tour de l'Europe de jouer de ses euros ou de son image, pour obtenir de ses pays les plus pauvres ou de ses mauvais élèves l'accueil des treize Palestiniens expulsés d'Israël qui les considère comme des "dangereux terroristes". Une concession des pays du Sud européen contre une meilleure considération par les pays du Nord.

A chacun selon ses intérêts

C'est ce qui ressort de l'accord intervenu dans la nuit du samedi 18 mai : exception faite de la Finlande qui accueillera un palestinien, les douze autres seront accueillis par les pays les plus pauvres de l'Union Européenne, deux par la Grèce, deux par l'Irlande, un par le Portugal ; l'Espagne qui assure la présidence tournante de l'Union européenne et qui a conduit les négociations accueillera trois ; Chypre en accueillera un, espérant que l'intransigeance turque sur le dossier de sa réunification ne retardera pas son adhésion à l'Union européenne ; enfin, l'Italie accueillera les trois restants ce qui permettra à Silvio Berlusconi de retrouver une crédibilité européenne, après les dernières prises de position de ses ministres qui avaient mis à mal la foi européenne de son gouvernement.

L'Union européenne, pour laquelle les treize sont des braves combattants, est intervenue la semaine dernière afin que soit levé le siège de l'église de la Nativité à Bethléem où l'armée israélienne les maintenait depuis cinq semaines. Une initiative censée permettre l'arrêt des violences au Moyen Orient et le retour des israéliens et des Palestiniens sur la table des négociations.

Concurrencée par la diplomatie américaine, l'Union Européenne avait besoin de marquer sa présence sur le terrain par une contribution décisive, d'où la proposition de la présidence espagnole d'expulser vers l'Europe les Palestiniens qu'Israël considérait comme les plus dangereux, les autres pouvant être expulsés vers les territoires Palestiniens de la bande de Gaza. L'accord aurait permis notamment de libérer les civils Palestiniens qui s'étaient trouvés doublement otages dans l'église de la Nativité. Assiégés de l'extérieur par l'armée israélienne, ils constituaient un bouclier humain pour les activistes Palestiniens retranchés dans l'édifice empêchant toute tentative d'assaut.

L'impréparation espagnole

Au moment où l'élargissement de l'Europe entre dans une phase décisive et les cercles concentriques du pouvoir se dessinent, l'Espagne avait aussi besoin d'une victoire diplomatique. Malgré la taille du pays et le poids de son économie au sein de l'Union européenne, elle subissait -tout comme l'Italie- le préjugé défavorable aux pays de la rive méditerranéenne qui lui valait relégation dans la second zone de l'Union européenne, la première étant constituée des pays de l'Europe du Nord.

Assurant la présidence de l'UE jusqu'à fin Juin, un succès dans le dossier du Moyen Orient permettrait à l'Espagne de s'affirmer dans le Club des grands pays de l'Union européenne, d'autant plus que c'est son ressortissant Javier Solana qui est le chef de la politique extérieure de l'Union. Le dossier devait donc être bouclé avant la fin de la présidence espagnole. L'accord d'évacuation des treize Palestiniens a été conclu dans l'improvisation alors que rien n'avait été préparé ni sur le statut juridique des Palestiniens accueillis, ni sur le lieux d'accueil, ni sur les modalités de séjour. Malgré leur inquiétude quant à la méthode espagnole, "le moteur de l'Europe", la France et l'Allemagne, bien en panne ces derniers temps, ont apporté leur soutien à l'initiative de l'Espagne, pas mécontents de voir l'Europe prendre le pas sur les américains.

Chypre neutralise l'intransigeance turque

Chypre premier candidat à remplir sérieusement les critères d'adhésion à l'Union européenne, s'est généreusement proposée d'accueillir provisoirement sur son sol les treize Palestiniens en attendant que l'UE leur trouve un pays d'accueil. Sur le plan pratique, Chypre était désignée comme le site idéal pour un tel accueil. D'abord sa proximité géographique, mais surtout la présence d'une importante base militaire aérienne britannique, héritage de la colonisation de l'île jusqu'en 1960, capable d'assurer l'escorte des Palestiniens depuis Israël. Sur le plan politique, Chypre affirmait ainsi sa place naturelle dans l'Union européenne alors que son adhésion imminente est menacée par l'intransigeance turque dans le dossier de sa réunification.

Or, une fois les treize Palestiniens arrivés à Chypre, l'impréparation espagnole de l'évacuation a mis à jour les différences d'appréciation du problème par les différents pays de l'Union. Malgré les grands discours humanitaires, les "braves combattants" étaient devenus des invités encombrants pour les grands pays du Nord et aucun ne souhaitait leur présence sur son sol. Des réunion successives durant toute la semaine n'avaient pas permis d'aboutir à une solution.

En Belgique, les Palestiniens risquaient d'être jugés pour actes terroristes

La Belgique a été écartée du fait de sa "compétence universelle". Des lois introduites en 1993 et 1999 permettent à la justice belge de juger des crimes contre l'humanité où ils ont été commis. Ce qui a permis la condamnation en Belgique de quatre des responsables du génocide au Rwanda. La Chambre d'accusation de la cour d'appel de Bruxelles doit rendre 26 juin sa décision de poursuivre ou non le Premier ministre israélien Ariel Sharon pour les massacres commis dans les camps Palestiniens de Sabra et Chatila au Liban en 1982, sur plainte de survivants de ces camps. Mais ces mêmes lois, n'épargneraient pas les "combattants Palestiniens" d'une éventuelle poursuite pour actes terroristes sur plainte des victimes israéliennes.

Berlusconi se rachète une virginité européenne

En Italie, Silvio Berlusconi a bien essayé d'entraîner "les grands pays [de l'UE], au moins la France" dans la liste des pays d'accueil, mais sans succès. L'enjeu pour lui étant le retour de l'Italie dans la cour européenne des grands après les effets désastreux des déclarations anti-européennes de ses encombrants alliés de la Ligue du Nord. En échange de l'accueil des Palestiniens, Silvio Berlusconi verrait bien confier à l'Italie l'organisation de la conférence de paix pour le Proche Orient, mais sur ce dossier, il doit compter avec la concurrence de son homologue espagnol Jose Maria Aznar. Cela dit, la tenue d'une telle conférence, pour l'instant à l'état de projet, aura lieu après la fin de la présidence espagnole de l'UE.

Papandreou marque des points face à Simitis

Le grand gagnant de ce marchandage sur l'accueil des "combattants Palestiniens" est incontestablement le ministre des Affaires étrangères grec, Georgios Papandreou. Donnant prise à l'antiaméricanisme des grecs que gauche comme droite caressent dans le sens du poil, il raffermit sa position au sein aussi bien du gouvernement mais marque aussi des points face à son rival, le Premier ministre Costas Simitis au sein de la gauche grecque, et du parti socialiste grec, dont la complicité avec le mouvement de Yasser Arafat est historique. Sur le plan extérieur, à six mois de la présidence grecque de l'Union européenne, l'accueil des Palestiniens est un gage de bonne conduite qui tombe à pic.

Tout comme pour le Portugal et l'Irlande, pour la Grèce cela prend l'allure des petits services rendus à la diplomatie des grands pays, services qui méritent… récompense. Faire le sale boulot pour le compte des grands, ce fut souvent la munition diplomatique des petits.

Mise à jour 19/05 à 14h30

Contrairement aux affirmations de la présidence européenne, Chypre et la Finlande ont démenti dimanche matin avoir accepté l'accueil des Palestiniens.

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