Il y a toujours plus extreme que l extreme

alex écrivait:
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> Tintin dis
>
> j'ai bien peur que tu n’aies pas un vrai
> souvenir de la grece de la fin des années 70
>
> T a raison,je ne souviens pas d avoir vu des gens
> bouffer dans les poubelles,des sans abris un peu
> partout,les pharmaciens ne pas etre payer par l
> etat,les medocs non couvert pas la secu,les soupes
> populaires dans toutes les communes de Grece,les
> medecins du monde sur place ,des gens pas payer
> pour des mois,les rues vide de commerce,les usines
> desafecte,les chantier nvals fermer, et c etc
>
je ne crois pas avoir écrit cela ..changes de lunettes

voici un extrait d'un entretien...je n’adhère pas a tout ce qui est écrit, mais il s'agit d'une opinion qui se respecte pour un débat démocratique..
http://www.lemonde.fr/journalelectroniq…

[b]" La Grèce est morte "extrait d’un entretien avec Dimitris Dimitriadis 68 ans, dramaturge, essayiste, poète et traducteur. Installé à Thessalonique, il est l'auteur d'une trentaine de pièces dont plusieurs ont été traduites et jouées en France, notamment au Théâtre de l'Odéon, en 2009.[/b]

Le dramaturge grec voit dans la crise actuelle la conséquence de trois siècles d'errements. Stigmatisant autant le peuple grec que ses élus, il en appelle à un sursaut moral profond. Je parle d'un pays qui meurt parce qu'il n'accepte pas sa propre fin, et qu'il n'accepte pas l'autre. Un pays qui se sent assiégé pendant mille ans, qui n'accepte pas ce qu'il appelle l'ennemi, qui ne voit pas que l'" ennemi " est sa perspective d'avenir.
Ce qui caractérise la Grèce, c'est une sorte de stagnation, d'immobilité mentale : on reste figé sur des habitudes aussi bien psychologiques que sociales, on vit sur une tradition morte, que l'on ne songe pas à renouveler.
C'est un problème gravissime : ce pays par excellence historique qu'est la Grèce est bloqué dans le mécanisme de l'Histoire. C'est pour cela que nous sommes arrivés à une impasse : tout ce dont on parle, ce grand héritage grec dont on se prévaut, s'est pétrifié sous forme de clichés, de stéréotypes. Cela fait bien longtemps qu'en Grèce nous vivons dans la lumière d'une étoile morte.

La crise est avant tout historique, avant d'être politique ou économique ? Je ne nie pas les dimensions économique et politique. Il faut redire encore et encore que le système politique sur lequel nous vivons en Grèce, qui date de l'occupation ottomane (et donc de plusieurs siècles), est totalement clientéliste. Les grands propriétaires terriens d'autrefois ont été remplacés par les partis politiques, mais c'est la même relation avec le peuple. L'Etat appartient au parti, et le parti utilise et exploite les ressources de l'Etat pour maintenir son système de clientèle. Les deux grands partis, l'un dit de droite, l'autre dit de gauche, ont fonctionné de la même façon, mais il faut reconnaître que le Pasok a poussé ce système de clientélisme à son maximum. Il a opéré un véritable rapt des ressources de l'Etat, avec tout l'argent qui venait de l'Union européenne, et l'argent de l'Etat est devenu le trésor du parti, qui a permis la création de nombreux emplois fictifs, par exemple. Et tout cela continue et explique en partie que nous en soyons arrivés à une telle catastrophe économique : le système est épuisé parce qu'il n'y a plus de ressources, et tellement pourri en profondeur qu'on est complètement dans l'impasse. C'est tout cela qui me fait dire que le pays est déjà mort, et qu'il faut l'accepter : tout balayer, pour recommencer depuis le début.

Le mot " crise ", qui vient du grec. Désigne quelque chose de temporaire, qui va passer sans laisser trop de traces, sans conséquences sérieuses. Il y a une frivolité dans l'emploi de ce mot : la crise, comme on parlerait d'une crise de nerfs... Dans le cas de la Grèce, nous avons affaire à une situation qui dure depuis au moins trois siècles. Ce n'est pas une crise temporaire, qui pourrait passer grâce à des solutions plus ou moins efficaces. Le problème est très profond. Je ne crois pas que les élections du 17 juin puissent nous mener bien loin.
Il est vrai que la vie quotidienne en Grèce est devenue quasiment insupportable. Mais parfois, moi qui vis dans cette quotidienneté et qui souffre comme tout le monde, je me dis que les Européens ont raison de vouloir frapper le pays. Il m'arrive de penser qu'il ne faut pas qu'ils aient pitié, parce que vraiment, il faut le dire, le peuple grec aussi est coupable : il a vécu dans une facilité et une frivolité le conduisant à accepter tous les arrangements.
J'ai souvent l'impression qu'une forme de vulgarité, de grossièreté, a gagné dans mon pays. Ce que l'on voit de l'intérieur, c'est un peuple qui certes souffre vraiment, qui subit les conséquences de cette corruption généralisée, mais qui n'est pas seulement victime : nos politiciens sont à l'image de notre peuple. Cette mentalité déplorable dont je parle appartient à toute la population, et pas seulement à la population grecque, d'ailleurs : on peut faire de nombreux parallèles avec l'Italie et la Pologne, notamment...
Cette crise de civilisation dépasse largement les frontières de notre pays. Cette fin d'un cycle historique concerne tous les pays. L'impasse est économique et politique - on ne parle plus que de banques, de Bourse, de montée, de descente... -, mais on semble oublier que le politique et l'économique font partie d'un réseau bien plus large qui s'appelle la civilisation.
Le parti néonazi Aube dorée, qui a obtenu 7 % des voix et 23 députés aux élections du 6 mai, et dont certains membres ont commis des actions violentes ? Ce résultat montre qu'une partie de la population désire l'apparition d'un leader sans morale, qui montre sa force, sa volonté de pouvoir, et rien d'autre. Ce qui m'inquiète en profondeur, c'est que s'accentuent un certain nombre de clichés moraux et sociaux qui ont toujours existé ces trente dernières années : il y a en Grèce une forme de conservatisme, au sens le plus sauvage du mot, largement encouragé par l'Eglise, qui va faire sortir de l'intérieur du peuple des réactions racistes, homophobes, nationalistes et chauvines.
La situation est critique, mais l'on ne voit pas de véritable alternative sur le plan politique : on dit qu'il y a des jeunes gens très bien dans notre pays qui ont étudié à l'étranger, qui pourraient prendre la relève, mais ils sont sans force, sans organisation, on ne les voit pas.