[i] [b][u]Les sacrifices dans les religions de la Grèce antique[/u][/b].
On se figurait que les dieux étaient surtout sensibles à ce qui flattait leur sens, le goût, l'odorat. De là l'usage de leur offrir des animaux en sacrifice, de cuire la chair des victimes : c'était un repas où on les conviait. Dans le principe, on brûlait la victime tout entière ; la flamme devait la consumer entièrement, afin que la divinité put en respirer la fumée et s'en nourrir d'une manière en quelque sorte invisible. Plus tard, on dépeça la victime, et certaines parties seulement furent réservées aux dieux.
La victime, préalablement parée, est conduite à l'autel ; on la purifie avec l'eau. Quand le sacrifice est adressé aux dieux du ciel, on relève en arrière la tête de la victime, et on la frappe alors de la hache. Quand elle a reçu le coup mortel, on la saigne avec un couteau, et on reçoit son sang dans un vase. On l'écorche, on la dépèce. Les cuisses sont détachées et mises à part pour les dieux. Pour que l'odeur puisse s'exhaler vers les dieux et leur être agréable, pour que la fumée soit abondante et épaisse, on recouvre la victime de graisse. Plus la flamme s'élève haut, plus l'augure du sacrifice est regardé comme propice.
Les victimes doivent toujours être de bonne qualité, bien venues et bien nourries ; les animaux doivent aussi être parvenus à maturité. Les victimes blanches sont réservées pour les dieux du ciel, les noires pour ceux des enfers. En général, on immolait surtout des animaux domestiques, le taureau, le bouc, le bélier, le porc. Le bœuf ou le taureau était la victime la plus belle. Quand on voulait faire un sacrifice vraiment somptueux, notamment à Zeus, on offrait une hécatombe, qui d'ailleurs ne comportait pas toujours cent victimes : quelquefois on en égorgeait douze.
Les sacrifices étaient offerts en plein air, ou à l'entrée des temples. Tandis que la victime est présentée sur l'autel, les assistants se tiennent par derrière, dans la posture de l'invocation, les mains ouvertes, l'une élevée et l'autre abaissée. Le prêtre qui préside à la cérémonie doit être pur de toute souillure : cette idée amena l'usage de se laver les mains avant le sacrifice ; pour cela, on se servait d'une eau lustrale, que l'on consacrait en y jetant du sel. En outre, le prêtre se couronne de fleurs le front, les mains, quelquefois le cou et la poitrine. La victime aussi est couronnée de fleurs, et ses cornes dorées.
Après avoir sacrifié aux dieux et brûlé sur l'autel des cuisses de la victime, on en faisait cuire les autres parties, qui servaient au festin que célébraient ensuite les assistants. Le prêtre prenait la meilleure part, qui représentait celle des dieux. Les assistants, réunis autour d'une table ou dans un banquet champêtre, célébraient joyeusement ce festin. Quelquefois aussi chacun emportait chez lui la part de la victime qui lui était due. La peau et les entrailles appartenaient au prêtre, qui les vendaient à son bénéfice. Il était aussi d'usage d'envoyer une part à ses amis.
Les sacrifices comprennent presque toujours des libations, qui consistent à répandre quelques gouttes d'un liquide en l'honneur de la divinité. Les libations se font aussi quelquefois sans sacrifices, et en tiennent lieu. L'origine de cet usage était la pensée d'offrir à boire au dieu ; de là l'usage d'un vin pur et généreux. Et, de même que dans le repas qui suit le sacrifice des prêtres mangent au nom des dieux une part de la victime, de même ils boivent le vin dont quelques gouttes ont servi à la libation.
Chaque libation et chaque sacrifice sont accompagnés d'une prière. Le prêtre, ou celui qui offre le sacrifice, demande aux dieux d'exaucer ses vœux ; cette prière se fait des mains ouvertes, la paume tournée vers le ciel. En outre, on chante des hymnes en l'honneur des dieux : ce sont de véritables prières en même temps que des chants de louanges. [/i]