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Coup d'oeil sur la dernière insurection des Grecs, [Supplice du patriarche grec et de huit papas] suite (4) de Mme Dufrénoy

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[i] [center][b][u]Supplice du patriarche grec et de huit papas.[/u][/b][/center]

L'effroi que l'exécution des conjurés grecs avait répandu dans Constantinople s'était calmé ; la force militaire dissipa les bandes des meurtriers. Les Grecs embrassèrent l'espérance de voir le gouvernement s'adoucir ; mais dans la même soirée et dans la nuit, plus de trois cents d'entre eux furent arrêtés et mis à mort sans aucune forme juridique. Les jours suivants amenèrent les mêmes résultats.

Nous avons vu que les Grecs, au péril de leur vie, ne manquaient jamais aux pratiques les plus sévères de leur culte ; toutefois le supplice de leurs principaux citoyens, au nombre desquels ils comptaient le prince Mourousi, avait répondu une telle épouvante parmi eux, que la plupart n'osèrent point solenniser la Pâque. Le patriarche, âgé de quatre-vingts ans et vénéré par ses vertus et par sa foi, refusa de quitter Constantinople, où il courait des dangers imminents, pour ne point abandonner son troupeau. Fort d'une conscience pure, il dédaignait d'acheter quelques misérables années par la plus légère infraction à ses devoirs. Le gouvernement lui avait dû le retour de plusieurs provinces à l'obéissance, et des conseils utiles dans ses relations avec les puissances étrangères. Mais les Turcs ne virent dans sa perte qu'un moyen nouveau de persécuter les Grecs ; et sa mort résolue, ils cherchèrent un prétexte pour justifier l'horreur aux yeux des cabinets européens.

La Porte avait fait arrêter et garder comme otages contre les entreprises des Grecs, la famille du malheureux prince Mourousi. Elle fut confiée au patriarche dans le projet de le compromettre. Le visir, affectant une confiance sans bornes envers le digne pontife, lui expliqua l'importance que la Porte attachait à retenir ces illustres captifs, et lui dit qu'il allait être chargé de veiller sur eux et de leur donner un asile dans son palais, en ajoutant « Que le patriarche grec serait, pour ces dames et leurs enfants, un gardien plus agréable qu'un seigneur musulman.». Le patriarche, incapable de soupçonner qu'on lui tendit un piège, saisit avec joie l'occasion de verser quelques consolations dont le cœur des proscrits. La prière et la méditation occupant la plus grande partie de ses jours, il laissait à ses prisonniers toute la liberté qu'ils pouvaient souhaiter. Un des ecclésiastiques, chargé de surveiller la famille Mourousi, favorisa son évasion, et elle se trouvait loin de Constantinople avant que les gens du patriarche eussent la plus légère idée de cet événement. Aussitôt que le pontife en apprit la nouvelle, il dit avec calme aux prélats qui l'entouraient : « Voilà mon arrêt de mort. » L'infortuné ne prévoyait pas que l'élite de son clergé serait aussi proscrit.

Le patriarche se rendit chez le visir, où il venait d'être reçu, il n'y avait que peu d'instants, avec les plus grands témoignages de respect et d'affection. Le visir lui demande d'un ton sévère : « Où est la famille Mourousi ? » Le vieillard, étonné de cette question imprévue, y répondit avec franchise : « C'est vous qui êtes l'auteur de cette évasion, crie le visir ; retirez-vous. »

Le vieillard retourne dans son palais pour se préparer avec sérénité au martyr la tolérance du patriarche, sa justice, sa charité, le faisait adorer des chrétiens de toutes les confessions qui habitaient Constantinople. Au récit de la scène qui s'était passée chez le visir, ils se livrèrent tous à la douleur ; néanmoins ils ne pouvaient croire qu'un supplice odieux terminerait les jours d'un ministre sacré du ciel ; mais le patriarche, qui connaissait l'infâme caractère des musulmans, ne s'abusait point sur le sort qui l' attendait. Le visir, continuant à dissimuler ses desseins, ne fait point arrêter le pontife, et lui laisse croire que sa conduite lui inspire plus de dédain que de colère. Le lendemain, jour de Pâques, le patriarche se rend à l'église pour y célébrer l'office divin ; la messe est chantée avec la pompe ordinaire dans les grandes fêtes. L'auguste cérémonie achevée, le patriarche, accompagné de ses prélats et revêtu des ornements pontificaux, se présente à la porte du temple et s'apprête à regagner son palais. Une troupe de janissaires leur ferme le passage ; le peuple frémit ; la milice enlève à ses côtés trois archevêques. Le patriarche, demeuré seul au milieu des soldats immobiles, leur demande ce qu'ils veulent ; les soldats gardent le silence. Aucun n'ose porter la main sur l'auguste victime ; la dignité empreinte sur le front vénérable du vieillard, sa longue barbe blanche, ses vêtements sacrés imposent même au chef de ces barbares ; tous interdits, frappés de respect, étonnés de l'impression nouvelle qu'ils éprouvent, forment un cercle autour de lui ; les chrétiens embrassent une douce espérance ; mais bientôt un des janissaires rappelle à ses camarades les ordres du sultan ; trois fois il s'approche de l'homme sacré, et trois fois ils s'en éloignent en tremblant ; mais enfin ils l'ont saisi, une corde est attachée sous le parvis du temple, devant la porte principale, et le vénérable patriarche expire par le supplice réservé aux brigands, en face même de l'autel où sa voix venait de chanter les saints cantiques.

Les trois prélats et huit papas de la maison du patriarche de subir le même destin. Des gardes furent placés autour de leurs cadavres pour empêcher le peuple de s'en emparer. Dans leur atroce fureur, les Turcs choisirent parmi les juifs la plus vile populace, pour traîner à travers les rues les cadavres de ces nobles martyrs et pour les jeter dans la mer. Chrétiens et musulmans ne répondirent que par un morne silence aux vociférations des misérables exécuteurs de cet ordre aussi impie que barbare. Le vertueux pontife, dont les restes subirent les plus infâmes traitements, avait vécu dans la plus grande frugalité, et mourut dans la pauvreté la plus grande ; économe pour lui, généreux envers les chrétiens, il ne profita de son influence et de ses revenus, que pour être utile à sa nation ; il n'amassa que des trésors de charité.

Interrogée par les cabinets des puissances européennes sur les motifs de la sanglante exécution du patriarche, la Porte accuse le vieillard d'être entré dans une conspiration. Toutefois l'ambassadeur de Russie condamna publiquement la conduite de la cour ottomane, il se retira à sa maison de campagne de Buyuckdéré.

Durant trois jours le sang ne cessa de couler dans Constantinople ; plus d'une moitié de la population grecque périt sous le fer des assassins ou de la main du bourreau. On immola principalement une foule de boulangers, de jardiniers et d'artisans.

Néanmoins, pour donner une sorte de satisfaction aux puissances et surtout à la Russie, relativement au meurtre du patriarche, la Porte rejeta tout l'odieux de ce meurtre sur le visir, et sa destruction devint le prix de sa sanglante obéissance. Il est à remarquer qu'au même instant où le grand-seigneur trompait les cabinets européens par une feinte de modération, son conseil secret proposait de massacrer tous les Grecs sur tous les points de l'empire, et qu'il disgraciait les membres de ce conseil qui s'opposèrent à cette mesure atroce. Comme ils se trouvaient en majorité, on arrêta seulement alors le désarmement général des Grecs ; il s'opéra sans résistance, mais n'ont pas sans alarmes ; elles étaient fondées. (à suivre).

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