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Voyage du jeune Anacharsis (3).

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[i] Ces découvertes successives redoublaient l'activité du peuple, et, en lui procurant l'abondance, le préparaient à la corruption : car, dès qu'on eût compris qu'il est dans la vie des biens que l'art ajoute à ceux de la nature, les passions réveillées se portèrent vers cette nouvelle image du bonheur. L'imitation aveugle, ce mobile puissant de la plupart des actions des hommes, et qui d'abord n'avait excité qu'une émulation douce et bienfaisante, produisit bientôt l'amour des distinctions, le désir des préférences, la jalousie, et la haine. Les principaux citoyens, faisant mouvoir à leur gré ces différents ressorts, remplirent la société de troubles, et portèrent leur regard sur le trône. Amphictyon obligea Cranaüs d'en descendre ; lui-même fut contraint de le céder à Érichthonius.

À mesure que le royaume d'Athènes prenait de nouvelles forces, on voyait ceux d'Argos, d'Arcadie, de Lacédémone, de Corinthe, de Sicyone, de Thèbes, de Thessalie, et d'Épire, s'accroître par degré, et continuer leur révolution sur la scène du monde.

Cependant l'ancienne barbarie reparaissait, au mépris des lois et des mœurs ; il s'élevait par intervalles des hommes robustes qui se tenaient sur les chemins pour attaquer les passants, ou des princes dont la cruauté froide infligeait à des innocents des supplices lents et douloureux. Mais la nature, qui balance sans cesse le mal par le bien, fit naître, pour les détruire, des hommes plus robustes que les premiers, aussi puissants que les seconds, plus justes que les uns et les autres. Ils parcoururent la Grèce ; il la purgeait du brigandage des rois et des particuliers : ils paraissaient au milieu des Grecs comme des mortels d'un ordre supérieur ; et ce peuple enfant, aussi extrême dans sa reconnaissance que dans ses alarmes, répandait tant de gloire sur leurs moindres exploits, que l'honneur de le protéger était devenu l'ambition des âmes fortes.

Cette espèce d'héroïsme, inconnu aux siècles suivants, ignoré des autres nations, le plus propre néanmoins à concilier les intérêts de l'orgueil avec ceux de l'humanité, germait de toutes parts, et s'exerçait sur toutes sortes d'objets. Si un animal féroce, sortie du fond des bois, semait la terreur dans les campagnes, le héros de la contrée se faisait un devoir d'en triompher aux yeux d'un peuple qui regardait encore la force comme la première des qualités, et le courage comme la première des vertus. Les souverains eux-mêmes, flattée de joindre à leurs titres la prééminence du mérite le plus estimé dans leur siècle, s'engageaient dans des combats qui, en manifestant leur bravoure, semblaient légitimer encore leur puissance. Mais bientôt ils aimèrent des dangers qu'ils se contentaient auparavant de ne pas craindre. Ils allèrent les mendier au loin, où les firent naître autour d'eux ; et comme les vertus exposées aux louanges se flétrissent aisément, leur bravoure, dégénérée en témérité, ne changea pas moins d'objet que de caractère. Le salut des peuples ne dirigeait plus leurs entreprises ; tout était sacrifié à des passions violentes, dont l'impunité redoublait la licence. La main qui venait de renverser un tyran de son trône dépouillait un prince juste des richesses qu'il avait reçues de ses pères, ou lui ravissait une épouse distinguée par sa beauté. La vie des anciens héros est souillée de ces taches honteuses.

Plusieurs d'entre eux, sous le nom d'Argonautes, formèrent le projet de se rendre dans un climat lointain pour s'emparer des trésors d'Aeëtès, roi de Colchos. Il leur fallut traversée des mers inconnues, et braver sans cesse de nouveaux dangers ; mais il s'étaient déjà séparément signalés par tant d'exploit qu'en se réunissant ils se crurent invincibles, et le furent en effet. Parmi ces héros on vit Jason, qui séduisit et enleva Médée, la fille d'Aeëtès, mais qui perdit, pendant son absence, le trône de Thessalie, où sa naissance l'appelait ; Castor et Pollux, fils de Tyndare, roi de Sparte, célèbres pour leur valeur, plus célèbres par une union qui leur a mérité des autels ; Pélée, roi de Phthiotie, qui passait pour un grand homme, si son fils Achille n'avait pas été plus grand que lui ; le poète Orphée, qui partageait des travaux qu'il adoucissait par ces champs ; Hercule enfin, le plus illustre des mortels, est le premier des demi-dieux.

Toute la terre est pleine de bruits de son nom et des monuments de sa gloire. Il descendait des rois d'Argos : on dit qu'il était le fils de Jupiter et d'Alcmène, épouse d'Amphitryon ; qu'il fit tomber sous ses coups, et le lion de Némée, et le taureau de Crète, et le sanglier et Érymanthe, l'hydre de Lerne, et des monstres plus féroces encore : un Busiris, roi d'Égypte, qui trempait lâchement ses mains dans le sang des étrangers ; un Antée de Libye, qui ne les dévouait à la mort qu'après les avoir vaincus à la lutte ; et les géants de Sicile,et les centaures de Thessalie,, et tous les brigands de la terre, dont il avait fixé les limites à l'occident, comme Bacchus les avait fixées à l'orient. On ajoute qu'il ouvrit les montagnes pour approcher les nations, qu'il creusa des détroits pour confondre les mers, qu'il triompha des enfers, et qu'il fit triompher des dieux dans les combats qu'ils livrèrent aux géants.

Son histoire est un tissu de prodiges, ou plutôt c'est l'histoire de tous ceux qui ont porté le même nom et subi les mêmes travaux que lui. On a exagéré leurs exploits : en les réunissant sur un seul homme, et en lui attribuant toutes les grandes entreprises dont on ignorait les auteurs, on l'a couvert d'un éclat qui semblent rejaillir sur l'espèce humaine ; car l'Hercule qu'on adore est un fantôme de grandeur élevée entre le ciel et la terre, comme pour en combler l'intervalle. Le véritable Hercule ne différait des autres hommes que par sa force, et ne ressemblait au dieux des Grecs que par ses faiblesses : les biens et les maux qu'ils fit dans ses expéditions fréquentes lui attirèrent pendant sa vie une célébrité qui valut à la Grèce un nouveau défenseur en la personne de Thésée.

Ce prince était fils d'Égée, roi d'Athènes, et d'Éthra, fille du sage Pitthée, qui gouvernait Trézène : il était élevé dans cette ville, où le bruit des actions, l'agitaient sans cesse : il en écoutait le récit avec une ardeur d'autant plus inquiète que les les liens du sang l'unissaient à ce héros ; et son âme impatiente frémissait autour des barrières qui la tenaient renfermer : car il s'ouvrait un vaste champ ses espérances. Les brigands commençaient à reparaître ; les monstres sortaient de leurs forêts ; Hercule était en Lydie.

Pour contenter ce courage bouillant, Éthra découvre à son fils le secret de sa naissance ; elle le conduit vers un rocher énorme, et lui ordonne de le soulever : il y trouve une épée et d'autres signes auxquels son père devait le reconnaître un jour. Muni de ce dépôt, il prend la route d'Athènes. En vain sa mère et son aïeul le pressent de monter sur un vaisseau, les conseils prudents l'offensent, ainsi que les conseils timides : il préfère le chemin du péril et de la gloire, et bientôt il se trouve en présence de Sinnis. Cet homme cruel attachait les vaincus à des branches d'arbres qu'il courbait avec effort, et qui se relevaient chargés des membres sanglants de ces malheureux. Plus loin, Scirron occupait un sentier étroit sur une montagne, d'où il précipitait les passants dans la mer. Plus loin encore, Procruste les étendait sur un lit, dont la longueur devait être la juste mesure de leur corps, qu'il réduisait ou prolongeait par d'affreux tourments. Thésée attaque ces brigands, et les faits périr par les supplices qu'ils avaient inventés. (à suivre). [/i]

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