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Février - avril 1822, le soulèvement et le massacre de Naoussa.

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[i] [center] [b][u] Février - avril 1822, le soulèvement et le massacre de Naoussa. [/u][/b][/center]

Abdul Abud, pachá de Théssaloníki après avoir ravagé la presqu’île de Kassándra et soumis les moines athonites fortifia Karabournoú et Litóchôron (près du mont Olympe) pour protéger le golfe Thermaïque et l’embouchure de l’Axiós. Il savait que des contacts étaient pris entre les Rômií et les Philikií de Náoussa, Vérria, Siátitsa, Kozáni et Vodéná pour le soulèvement. Le pacha voulait s’assurer de la région qui séparait Théssaloníki de l’Épire et de l’Albanie, jusqu’en Thessalie. Il prit en otage des notables de ces villes, et de Klissoúra, Kastoria, Monastir, retenus à Larissa et à Monastir.
Depuis la fin de 1821, escarmouches et soulèvements se produisaient en Macédoine. Les Turcs tentaient de juguler l’insurrection. Le 10 décembre 1821, parvint Vérria l’ordre suivant : « Du fait que parmi les anciens rayas de l’État, demeurant à Vérria, se sont introduits des étrangers et des Klephtes venus du soulèvement, qu’on ne peut distinguer des autochtones, qui, depuis l’explosion du mouvement insurrectionnel des funestes incroyants Hellènes, incite les rayas au soulèvement et à l’anarchie minant les bases du grand État de l’Islam ».
Le pachá de Thessaloniki demanda aux hoplarques et armatoles Goúlas Dráskos et Diamantís Nikoláou de l’Olympe, Karatássos de Vérria, Anguélis Gátsos de Vodéná, Iôánnis Varvaréskos de Siátitsa, Nióplos de Vodéná, et le premier et puissant notable de Náoussa, Zaphirákis Théodossíou Logothétis. Ce dernier, resté dans l’histoire par son prénom Zaphirákis, était un archonte de Náoussa. Par privilège du sultan la ville avait une relative autonomie. Les Turcs n’intervenaient pas dans sa gestion. Seules obligations : l’impôt annuel et la présence d’un voèvode.
Náoussa était florissante, et un foyer insurrectionnel grec. Dimítris Hýpatros, l’agent de la Philikí Hétairía, envoyé d’Hypsilántis ne prit pas contact avec Zaphirákis (il le pensait trop proche des Turcs). Le malheureux fut pris et exécuté par les Turcs (peut-être après trahison). Zaphirákis prêta serment à la Philikí Hétairía après ce meurtre. Les futurs insurgés ne réussirent pas à s’allier avec Pappás, de Macédoine orientale. Après la défaite de ce dernier, ils continuèrent à préparer le soulèvement, en se réunissant au monastère de Dovrá.
Zaphirákis et les hoplarques ne se rendirent pas à la convocation d’Abdul Abud, et travaillèrent encore plus au soulèvement.
Le 19 février 1822, Dimanche de l’Orthodoxie ils se réunirent à Naoussa, avec les hoplarques et leurs hommes. Ils avaient réuni les femmes et enfants de la région. Ils exécutèrent le voèvode, les soldats de sa garnison et des boutiquiers turcs. Ils hissèrent sur la muraille leur drapeau (reproduisant la bannière d’Hypsilántis). Après la liturgie à l’église-métropole, ils établirent un Conseil dirigeant présidé par Zaphirákis et confièrent le commandement militaire à Anastássios Karatássos.
Le 23 février, Karatássos et Gátsos, avec 1800 hommes, retranchés au monastère Dovrá attaquèrent Vérria, qui avait une forte garnison turque. L’action n’aboutit pas, le kéhayámbéïs avec ses soldats contint les insurgés. Karatássos se retrancha au monastère avec 240 hommes, et résista victorieusement aux 4000 Turcs de Mehmet aga, pris à revers par Zaphirákis et Gátsos accourus en soutien.
Les hoplarques se réunirent alors à Naoussa, attendant l’attaque turque. Ils répartirent leurs 4500 hommes aux murailles, et prirent positions hors les murs.
Abdul Abud quitta Théssaloníki, avec 6 000 soldats (fantassins, cavaliers et artilleurs) et autant d’irréguliers. Le 14 mars à Vérria il emprisonna nombre de Rômií. Sa progression vers Náoussa fut difficile face aux escarmouches de Karatássos et Gátsos. Le 24 mars il était sous les murs de Náoussa. Ailleurs en Grèce on se battait depuis un an.
Le jour même commença le bombardement de la ville avec 12 canons. La première cible était la porte d’Háyios Yéôryios, défendue par Zaphirákis. Karatássos et Gátsos étaient à l’extérieur. Sans que la canonnade cesse le pachá proposa aux habitants l’amnistie. Ceux-ci, peu confiants dans son offre, espérant le succès des hoplarques, et déterminés à lutter, refusèrent. L’hoplarques Diamantís Nikoláou et ses hommes, venus du mont Olympe, les avaient entre-temps rejoints en renfort.
Avant l’assaut Abdul Abud promit à ses troupes « les habitants et leurs biens meubles ». Il encercla la ville. Le gros effort de ses meilleurs soldats était sur la porte d’Háyios Yéôryios. Le bombardement dura jusqu’aux 30 mars, un Vendredi Saint.
Le premier assaut se fit le 31 et fut repoussé. Le deuxième assaut échoua à son tour. Le bombardement continuait. C’est au son du canon et des fusillades que les Naoussiens célébrèrent Pâques. Les armes s’enrayaient, les munitions commençaient à manquer
Le 6 avril (ou le 13 ?), le troisième assaut, força la porte d’Háyios Yéôryios. Selon certains, il y aurait eu trahison par des ennemis personnels de Zaphirákis. La ville fut envahie. La soldatesque tiraillant et hurlant commença viols et pillages. Nombre de vieillards, femmes et enfants, se réfugièrent dans l’église-métropole, et dans celle d’Háyios Yéôryios. Les Turcs entrèrent, épée en main. Ceux qui ne furent pas tués furent faits prisonniers.
Une centaine de Rômií s’était retranchée dans l’église d’Háyios Dimítrios. Ils furent tous tués. Les hoplarques Zôtos et Tsoúpis et leurs hommes se retranchèrent dans une bâtisse avec poudrière. Zaphirákis résista trois jours dans son châtelet. La défense devint impossible. Le 8 avril, il réussit avec ses hommes, et des familles réfugiées auprès de lui, une percée, vers Háyios Nikólaos où il se regroupa avec Karatássos et Gátsos. Zôtos, blessé intransportable, resta dans la bâtisse. Quand les Turcs y pénétrèrent, il se fit sauter avec la poudrière.
Les hommes étaient égorgés, et les femmes emmenées. Nombre de femmes, certaines avec leurs nourrissons, réfugiées en surplomb de la rivière Mavronéri, se précipitèrent, comme les femmes de Zalóngos, pour échapper aux Turcs. Au pont Arapítsas treize jeunes filles firent de même pour échapper aux viols. Beaucoup furent suppliciés, des femmes brûlées, des femmes enceintes éventrées, des enfants égorgés devant leurs parents
À Háyios Nikólaos, Zaphirákis et les combattants entourant femmes et enfants, tentèrent une nouvelle percée, menée par Karatássos et Gátsos. La violente attaque turque rompit leur colonne. Femmes et enfants furent ramenés, prisonniers, à Náoussa. Zaphirákis, avec Iannákis, le fils de Karatássos, se réfugièrent en forêt. Les Turcs, peut-être renseignés, les trouvèrent et les décapitèrent.
Abdul Abud entra à Náoussa le 9 avril. On lui porta, sur deux plateaux d’argent, la tête de Zaphirákis, et celle d’Iannákis Karatássos. Il lâcha ses troupes dans la région, où tout homme pris était égorgé et toute femme violée. Cinq cents hommes rasèrent les murs de Náoussa.
Selon Trikoúpis il y eut 5000 morts Grecs.
A Théssaloníki, les prisonnières furent menées au gouvernorat. On offrit aux femmes des notables et hoplarques de devenir mahométanes, pour la vie sauve. Elles refusèrent et furent suppliciées. D’autres furent pour les harems des beys et des agas. Les autres furent envoyées aux marchés d’esclaves.
Des Rômií rachetèrent et sauvèrent un certain nombre de ces malheureuses, aux trois grands marchés d’esclaves : Sèrrés, Monastir, Constantinople.
Des défenseurs de Náoussa ne survécurent que Karatássos et Gátsos. Avec leurs quelques survivants, ils passèrent en Acarnanie par les montagnes pour aboutir à Missolonghi.
Abdul Abud voulu renouveler son exploit contre Kozáni, où des Naoussiens s’étaient réfugiés. La ville fut sauvée par le métropolite Véniamín et le notable Karamárkos Pitsoúlis qui versèrent une forte rançon. Le bey de Kastoria sauva Siátitsa qui dépendait de lui, des 1600 Turcs et Albanais aux ordres de Mazút Strópuli. Un des notables parvint à persuader Hursit pacha de l’en détourner.
Ce fut la fin des combats d’indépendance en Macédoine bien que les Klephte du mont Vermion aient continué leurs actions. Les représailles sur les civiles furent terribles, plusieurs dizaines de villages furent ravagés, et les paysans grecs tués ou décapités. Par firman du sultan, l’État turc se saisit de tous les biens immeubles de la paysannerie grecque.
En avril 1822 a lieu le massacre de Chios.
La Macédoine ne redevint grecque que près d’un siècle plus tard, non sans avoir subi les actions des comitadjis bulgares.
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