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La mort de Socrate, Lamartine, suite (5)

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[i][center] « L'âme, dis-tu, doit vivre au delà du tombeau ;
Mais si l'âme est pour nous la lueur d'un flambeau,
Quand la flamme a des sens consumé la matière,
Quand le flambeau s'éteint, que devient la lumière?
La clarté, le flambeau, tout ensemble est détruit,
Et tout rentre à la fois dans une même nuit!
Ou si l'âme est aux sens ce qu'est à cette lyre
L'harmonieux accord que notre main en tire,
Quand le temps ou les vers en ont usé le bois,
Quand la corde rompue a crié sous nos doigts,
Et que les nerfs brisés de la lyre expirante
Sont foulés sous les pieds de la jeune bacchante,
Qu'est devenu le bruit de ces divins accords?
Meurt-il avec la lyre? et l'âme avec le corps?... »

Les sages, à ces mots, pour sonder ce mystère,
Baissant leurs fronts pensifs, et regardant la terre,
Cherchaient une réponse et ne la trouvaient pas!
Se parlant l'un à l'autre ils murmuraient tout bas :
«Quand la lyre n'est plus, où donc est l'harmonie?...»
Et Socrate semblait attendre son génie.

Sur l'une de ses mains appuyant son menton,
L'autre se promenait sur le front de Phédon,
Et, sur son cou d'ivoire errant à l'aventure,
Caressait, en passant, sa blonde chevelure;
Puis, détachant du doigt un de ses longs rameaux
Qui pendaient jusqu'à terre en flexibles anneaux,
Faisait sur ses genoux flotter leurs molles ondes,
Ou dans ses doigts distraits roulait leurs tresses blondes,
Et parlait en jouant, comme un vieillard divin
Qui mêle la sagesse aux coupes d'un festin î

« Amis, l'âme n'est pas l'incertaine lumière
Dont le flambeau des sens ici-bas nous éclaire;
Elle est l'oeil immortel qui voit ce faible jour
Naître, grandir, baisser, renaître tour à tour,
Et qui sent hors de soi, sans en être affaiblie,
Pâlir et s'éclipser ce flambeau de la vie,
Pareille à l'oeil mortel qui dans l'obscurité
Conserve le regard en perdant la clarté !

« L'âme n'est pas aux sens ce qu'est à cette lyre
L'harmonieux accord que notre main en tire;
Elle est le doigt divin qui seul la fait frémir,
L'oreille qui l'entend ou chanter ou gémir,
L'auditeur attentif, l'invisible génie
Qui juge, enchaîne, ordonne et règle l'harmonie,
Et qui des sons discords que rendent chaque sens
Forme au plaisir des dieux des concerts ravissants !
En vain la lyre meurt et lé son s'évapore :
Sur ces débris muets l'oreille écoute encore !
Es-tu content, Cébès? — Oui, j'en crois tes adieux,
Socrate est immortel ! —Eh bien, parlons des dieux ! »

Et déjà le soleil était sur les montagnes,
Et, rasant d'un rayon les flots et les campagnes,
Semblait, faisant au monde un magnifique adieu,
Aller se rajeunir au sein brillant de Dieu !
Les troupeaux descendaient des sommets du Taygète ;
L'ombre dormait déjà sur les flancs de l'Hymette;
Le Cythéron nageait dans un océan d'or ;
Le pêcheur matinal, sur l'onde errant encor,
Modérant près du bord sa course suspendue,
Repliait, en chantant, sa voile détendue;
La flûte dans les bois, et ces chants sur les mers,
Arrivaient jusqu'à nous sur les soupirs des airs,
Et venaient se mêler à nos sanglots funèbres,
Comme un rayon du soir se fond dans les ténèbres!

« Hâtons-nous, mes amis, voici l'heure du bain.
Esclaves, versez l'eau dans le vase d'airain !
Je veux offrir aux dieux une victime pure. »
Il dit : et se plongeant dans l'urne qui murmure,
Comme fait à l'autel le sacrificateur,
Il puisa dans ses mains le flot libérateur.
Et, le versant trois fois sur son front qu'il inonde,
Trois fois sur sa poitrine eu fit ruisseler l'onde;
Pais, d'un voile de pourpre en essuyant les flots,
Parfuma ses cheveux, et reprit en ces mots :
« Nous oublions le Dieu pour adorer ses traces !
Me préserve Apollon de blasphémer les Grâces!
Hébé versant la vie aux célestes lambris,
Le carquois de l'Amour, ni l'écharpe d'Iris,
Ni surtout de Vénus la brillante ceinture
Qui d'un noeud sympathique enchaîne la nature.
Ni l'éternel Saturne, ou le grand Jupiter,
Ni tous ces dieux du ciel, de la terre et de l'air!
Tous ces êtres peuplant l'Olympe ou l'Elysée
Sont l'image de Dieu par nous divinisée,
Des lettres de son nom sur la nature écrit,
Une ombre que ce Dieu jette sur notre esprit!
A ce titre divin ma raison les adore,
Comme nous saluons le soleil dans l'aurore;
Et peut-être qu'enfin tous ces dieux inventés,
Cet enfer et ce ciel par la lyre chantés,
Ne sont pas seulement des songes du génie,
Mais les brillants degrés de l'échelle infinie
Qui, des êtres semés dans ce vaste univers,
Sépare et réunit tous les astres divers.
Peut-être qu'en effet, dans l'immense étendue,
Dans tout ce qui se meut une âme est répandue;
Que ces astres brillants sur nos têtes semés
Sont des soleils vivants, et des feux animés ;
Que l'Océan, frappant sa rive épouvantée,
Avec ses flots grondants roule une âme irritée ;
Que notre air embaumé volant dans un ciel pur
Est un esprit flottant sur des ailes d'azur;
Que le jour est un oeil qui répand la lumière,
La nuit, une beauté qui voile sa paupière;
Et qu'enfin dans le ciel, sur la terre, en tout lieu,
Tout est intelligent, tout vit, tout est un dieu !

« Mais, croyez-en, amis, ma voix prête à s'éteindre,
Par delà tous ces dieux que notre oeil peut atteindre,
Il est sous la nature, il est au fond des cieux,
Quelque chose d'obscur et de mystérieux
Que la nécessité, que la raison proclame,
Et que voit seulement la foi, cet oeil de l'âme!
Contemporain des jours et de l'éternité!
Grand comme l'infini, seul comme l'unité!
Impossible à nommer, à nos sens impalpable!
Son premier attribut, c'est d'être inconcevable!
Dans les lieux, dans les temps, hier, demain, aujourd'hui,
Descendons, remontons, nous arrivons à lui!
Tout ce que vous voyez est sa toute-puissance,
Tout ce que nous pensons est sa sublime essencel
Force, amour, vérité, créateur de tout bien,
C'est le dieu de vos dieux ! c'est le seul ! c'est le mien ! ...
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