Polyglottisme, "langues rares", démence sénile

[b]Cerveau agile[/b]

Les Québécois ont de la chance. Eux qui sont le plus souvent bilingues, ils ont de ce fait une chance supplémentaire d’être épargnés par les démences. Poursuivant des travaux déjà prometteurs, le Dr E. Bialystok, du centre de recherche sur l’âge et le cerveau Baycrest, à Toronto, montre (« Neuropsychologia », II-07) que l’usage de deux langues au long de la vie peut retarder de quatre ans l’apparition du déclin cognitif.
La démonstration est simple. Soit 184 patients venus consulter pour des troubles cognitifs, 91 monolingues et 93 bilingues (25 langues différentes, les plus fréquentes étant le polonais, le yiddish, l’allemand, le roumain et le hongrois).
Dans le premier groupe, les symptômes de la maladie sont apparus en moyenne à 71,4 ans, dans le deuxième à 75,5 ans. Soit quatre ans de gagnés pour les bilingues, la différence subsistant après élimination d’autres facteurs sociaux et culturels. «Aucun traitement pharmacologique n’a un effet aussi spectaculaire» commente le neurologue M. Freedman, qui a participé à l’étude, dont les résultats, soulignent les chercheurs, ne sont que préliminaires.
Malheureusement, pour la plupart d’entre nous, il est trop tard pour se lancer dans le bilinguisme. On se rabattra sur les mots croisés ou autres loisirs intellectuels, dont il a également été démontré qu’ils réduisent le risque.
Pour ne pas faire partie des 30 % de personnes atteintes à l’âge de 80 ans.
(R. CARTON,"Le Quotidien du Médecin" 15-I-07)