[u]"L'itinéraire de Paris à Jérusalem"[/u] est le premier "voyage en Orient" du XIX°s. Chateaubriand veut -entre autres- voir les lieux de son roman "Les Martyrs". C'est un pélérinage aux sources de la civiliusation occidentale : la Grèce et le Christianisme. D'autres écrivains français le feront après lui : Lamartine, Nerval, Flaubert. Ce livre, [u]publié en 1811[/u], aura un rôle précurseur sur le Philhellénisme, 10 ans plus tard quand commencera le soulèvement. Voici son [u]arrivée en Grèce le 10 VIII 1806[/u], à bord d'un navire autrichien. [u]Chateaubriand nous la raconte...[/u] "
J'attendais avec impatience le moment où je découvrirais les côtes de la Grèce ; je les cherchais des yeux à l'horizon, et je les voyais dans tous les nuages. Le 10 au matin j'étais sur le pont avant le lever du soleil. Comme il sortait de la mer, j'aperçus dans le lointain des montagnes confuses et élevées : c'étaient celles de l'Elide. Il faut que la gloire soit quelque chose de réel, puisqu'elle fait ainsi battre le coeur de celui qui n'en est que le juge. A dix heures, nous passâmes devant Navarin, l'ancienne Pylos, couverte par l'île de Sphactérie : noms également célèbres, l'un dans la fable, l'autre dans l'histoire. A midi nous jetâmes l'ancre devant Modon, autrefois Méthone en Messénie. A une heure j'étais descendu à terre, je foulais le sol de la Grèce, j'étais à dix lieues d'Olympie, à trente de Sparte, sur le chemin que suivit Télémaque pour aller demander des nouvelles d'Ulysse à Ménélas : il n'y avait pas un mois que j'avais quitté Paris.
Notre vaisseau avait mouillé à une demi-lieue de Modon, entre le canal formé par le continent et les îles Sapienza et Cabrera, autrefois Oenussae. Vues de ce point, les côtes du Péloponèse vers Navarin paraissent sombres et arides. Derrière ces côtes s'élèvent, à quelque distance dans les terres, des montagnes qui semblent être d'un sable blanc recouvert d'une herbe flétrie : c'étaient là cependant les monts Egalées, au pied desquels Pylos était bâtie. Modon ne présente aux regards qu'une ville de moyen âge, entourée de fortifications gothiques à moitié tombantes. Pas un bateau dans le port, pas un homme sur la rive : partout le silence, l'abandon et l'oubli.
Je m'embarquai dans la chaloupe du bâtiment avec le capitaine pour aller prendre langue à terre. Nous approchions de la côte, j'étais prêt à m'élancer sur un rivage désert et à saluer la patrie des arts et du génie, lorsqu'on nous héla d'une des portes de la ville. Nous fûmes obligés de tourner la proue vers le château de Modon. Nous distinguâmes de loin, sur la pointe d'un rocher, des janissaires armés de toutes pièces et des Turcs attirés par la curiosité. Aussitôt qu'ils furent à la portée de la voix, ils nous crièrent en italien : Ben venuti ! Comme un véritable Grec, je fis attention à ce premier mot de bon augure entendu sur le rivage de la Messénie. Les Turcs se jetèrent dans l'eau pour tirer notre chaloupe à terre, et ils nous aidèrent à sauter sur le rocher. Ils parlaient tous à la fois et faisaient mille questions au capitaine en grec et en italien. Nous entrâmes par la porte à demi ruinée de la ville. Nous pénétrâmes dans une rue, ou plutôt dans un véritable camp, qui me rappela sur-le-champ la belle expression de M. de Bonald : " Les Turcs sont campés en Europe. " Il est incroyable à quel point cette expression est juste dans toute son étendue et sous tous ses rapports Ces Tartares de Modon étaient assis devant leurs portes, les jambes croisées, sur des espèces d'échoppes ou de tables de bois, à l'ombre de méchantes toiles tendues d'une maison à l'autre. Ils fumaient leurs pipes, buvaient le café, et, contre l'idée que je m'étais formée de la taciturnité des Turcs, ils riaient, causaient ensemble et faisaient grand bruit.
Nous nous rendîmes chez l'aga, pauvre hère, juché sur une sorte de lit de camp, dans un hangar ; il me reçut avec assez de cordialité. On lui expliqua l'objet de mon voyage. Il répondit qu'il me ferait donner des chevaux et un janissaire pour me rendre à Coron auprès du consul français, M. Vial ; que je pourrais aisément traverser la Morée, parce que les chemins étaient libres, vu qu'on avait coupé la tête à trois ou quatre cents brigands, et que rien n'empêchait plus de voyager.
Voici l'histoire de ces trois ou quatre cents brigands. Il y avait vers le mont Ithome une troupe d'une cinquantaine de voleurs qui infestaient les chemins. Le pacha de la Morée, Osman-Pacha, se transporta sur les lieux ; il fit cerner les villages où les voleurs avaient coutume de se cantonner. Il eût été trop long et trop ennuyeux pour un Turc de distinguer l'innocent du coupable : on assomma comme des bêtes fauves tout ce qui se trouva dans la battue du pacha. Les brigands périrent, il est vrai, mais avec trois cents paysans grecs qui n'étaient pour rien dans cette affaire."
Cette année là la Turquie est en guerre avec la Russie, Joseph Buonaparte est roi de Naples (pour 2a.), Louis Buonaparte (pèere du futur NapoléonIII) est roi de Hollande...
[u]C'est en "poche" : à offrir et à lire absolument pour les vacances (avant, pendant, après...) [/u]
Re: 4 juillet 1848 François René de Chateaubriand meurt à Par
bien que considérée inculte de "service"
je savais que Charteaubriant avait fait ce voyage
en Orient et quand il arrive en Grèce le philhellénisme prend toute sa dimmension; il en est en effet peut être le précurseur.
Je n'ajoute rien à ce que vous écrivez Thomas, mais il me vient une idée pourquoi ne pas faire un quizz avec un jeu de questions réponses pour mieux connaître la culture grecque et ses relations dans cette même matière avec celle de la France.
cet aspect ludique me semble intéressant comme cela avait été fait pour la mythologie grecque.
Σε απάντηση του Re: 4 juillet 1848 François René de Chateaubriand meurt à Par από irene
Re: 4 juillet 1848 François René de Chateaubriand meurt à Par
Je n'ai ni le temps ni les capacités de faire ce "quiz", mais ça peut être fait par plusieurs...
Je sais combien on apprend quand il faut transmettre et/ou enseigner...
A vous et aux autres de jouer...
On pourrait signaler et transcrire, à propos des lieux d'origine, des "citations" descriptives de ce que virent et rapportèrent les voyageurs...